Des premiers accompagnement informels à la décision de devenir doula
Au environ de mes 25 ans j’ai commencé a avoir des connaissances plus ou moins proche qui sont devenues mamans, et leurs récits de naissance m’ont profondément choqués. Il y avait beaucoup de souffrance dans ce qu’elles racontaient. Pas toutes heureusement, mais elles étaient majoritaire. C’est là que j’ai réalisé à quel point cela pouvait être difficile pour elles de faire entendre leur souffrance, voire leurs difficultés, qu’elles étaient vite reléguée au fameux: » mais toi et ton enfant vous allez-bien, alors de quoi tu te pleins? » Je leur ai sans vraiment m’en rendre compte proposé mon écoute, une oreille attentive, et cela s’est déroulé en parallèle de mon éveil aux enjeux lié à la naissance et aux violences obstétricales (voir « pourquoi j’ai décide de changer de voie? 1/2« ). J’ai pu mesurer la puissance de l’écoute, cela leur faisait du bien et je me sentais utile. Malgré la difficulté des sujets et des vécus, j’ai trouvé ces moments passionnants. Mais j’étais encore loin de penser que cela pouvait être un métier, et encore moins le mien.
Un arrêt de grossesse comme déclencheur
A l’été 2015 je suis tombée enceinte, j’étais aux anges, et le papa aussi. J’avais trouvé depuis longtemps où j’allais accoucher, j’ai donc appelé immédiatement une Sf qui ma donné rdv pour septembre. J’avais bien fait, les places partaient très vite. Après un été idyllique à guetter les signes de grossesse, la rentrée tourna au drame. A 8SA, la veille de mon premier rdv avec ma SF, ma grossesse s’est arrêtée, dans la nuit, presque sans bruit. Je raconterai peut-être cet épisode plus précisément dans un autre article. Je suis allée à la clinique le lendemain matin et on ma confirmé que « tout va bien madame, votre utérus est bien vide » cette « bonne nouvelle médicale » m’a littéralement assommée, nous étions sous le choc et nous sommes allées à notre rdv avec notre SF qui était prévu de longue date. La Sf nous à consolés, rassuré, et nous sommes reparti de là le cœur en miette, mais avec un peu d’espoir pour l’avenir. Les mois qui ont suivi ont été un vrai deuil, le premier pour moi, j’ai pleuré sans discontinué toute une semaine. Heureusement (où peut-être pas) que j’étais seule dans mon bureau cette semaine là, car pas même mon travail n’a pu me changer les idées. Personne ne m’a proposé de m’arrêter et je n’ai même pas pensé aller voir ma médecin généraliste.
C’est en commençant à raconter ce qui m’était arrivée aux proches qui prenait de mes nouvelles que j’ai réalisé à quel point cela était courant. Cela m’a fait du bien de réaliser que j’étais loin d’être la seule, mais j’étais peinée d’apprendre que toutes ces femmes avaient souffert en silence: quel tabou, quel chape de plomb! Je me suis promise que cela ne serait pas tabou pour moi, que j’en parlerai dès que possible pour que mes proches et moins proches sachent que j’avais vécu cette épreuve et que m’a porte était ouverte si jamais elle vivaient la même chose. Et cela n’a pas loupé, les années qui ont suivi collègue, cousine, amies… sont venues me voir quand elles ont vécu leur arrêt de grossesse. Je me sentais à ma place quand je les écoutais, et je sentais le pouvoir libérateur de la parole sur elles comme il l’avait été pour moi. Ce fut le début d’une révélation: moi qui ai toujours aimé écouté les autres (enfant par exemple j’adorais écouter les discussions des adultes au lieu d’aller jouer avec les autres enfants), je commençais à réaliser le pouvoir de cette écoute sur les autres, sur leur résilience.
Mon accouchement comme révélateur
Quelques mois après mon arrêt de grossesse je suis tombée enceinte de mon fils. Je me sentais bien accompagnée et sécurisée avec ma SF. Après des premières semaines très angoissantes, j’ai beaucoup apprécié cette grossesse, (sauf la chaleur!^^) et n’ayant pas de problèmes de santé j’ai pu accoucher au plateau technique avec la SF qui me connaissait bien. Quel soulagement, je savais que j’avais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour avoir le plus bel accouchement possible. Restait à voir si cet accouchement se déroulerait sans accrocs et si je serais capable de supporter la douleur des contractions. Moi qui me croyait douillette, j’ai découvert durant la préparation et expérimenté durant l’accouchement ma capacité à me déconnecter de la réalité, à partir loin. Cela m’a été fort utile pour supporter les contractions. et après un travail long mais efficace j’ai fini par donner naissance à mon fils, en douceur, sans violence, comme je l’avais espéré. Malgré hypervigilance des premiers jours et l’angoisse de la responsabilité de ce petit être si vulnérable, j’ai découvert la puissance mon corps: j’avais donné naissance à mon fils! Je n’en revenais pas, moi qui ai toujours cru être faible physiquement. Cette expérience m’a consolidé dans ma conviction qu’un accouchement respecté donne des clés et des bases solides pour la suite tant pour les parents (et surtout la mère) que pour l’enfant. Je ne me suis jamais sentie aussi forte de toute ma vie. Dans mon enthousiasme je souhaitai que toutes le futures mères puisse vivre un accouchement comme le mien.
A cette époque j’étais persuadée que toutes les femmes devaient vivre un accouchement physiologique et j’en devins militante auprès de mes proches. Aujourd’hui je suis plus nuancée et j’ai compris que ce qu’il comptait avant tout, c’est le respect du choix des mères.
Une nouvelle passion
Malgré la fatigue du post-partum, les nuits difficiles j’ai continué à lire et à me renseigner sur les sujets touchant à la périnatalité. J’ai compilé une base de donnée d’articles, de blogs, de sites web de livres, de filmes… que je transmettais à mes proches enceinte. C’est comme cela que j’ai commencé à accompagner des femmes façon totalement empirique et sans formation et de fils en aiguilles j’ai réfléchi à de me former en tant que doula.
J’avais peur de mal faire, de mal accompagner, j’avais déjà conscience qu’un accompagnement sans nuance pouvait être problématique voire délétère. Cela à coïncidé avec une baisse d’intérêt de ma part pour les sujets liés à mon travail (la compensation carbone), mon esprit vivait et respirait périnatalité.
J’ai eu la chance qu’une nouvelle formation d’accompagnante ouvre près de chez moi, un weekend par mois, et qui combinait périnatalité et parentalité, j’ai postulé et ma candidature a été acceptée. Ce fut le début d’une grande et belle aventure de presque deux ans (sept 2021 – juin 2023) , qui m’a permis d’acquérir de nombreux savoir et savoir faire, et une posture d’écoute professionnelle en tant que doula.
J’ai crée mon entreprise en avril 2023 et depuis je consacre mon temps professionnel au développement de mon activité et à l’accompagnement des parents qui me font confiance.